Ces derniers temps,
j’ai été confrontée à de nombreuses analyses sur le phénomène des « groupies ».
L’opinion publique, n’ayant manifestement pas grand-chose d’autre à faire que d’émettre
des jugements musicaux péremptoires et considérés comme indiscutables, s’étonne
de voir que de jeunes gens peuvent réunir suffisamment d’enthousiasme pour se
rendre à des concerts et s’y comporter de manière totalement irraisonnée.
Comment, en effet, expliquer que l’on y hurle, saute et danse ? Pourquoi
ne s’y comporte-t-on pas de manière convenable, c'est-à-dire comme devant une
vidéo youtube de Rihanna, inerte et le regard morne ?
Le mystère reste
entier. Pour tenter de trouver une réponse, on convoque psychologues
spécialistes de l’adolescence et autre musicologue incrédules quant au fait que
la jeunesse mondiale ne se nourrit pas exclusivement de musique sélectionnée
par les grands trusts audiovisuels américains. Tant d’enthousiasme n’est pas
normal : ces enfants sont trop heureux, il faut absolument leur gâcher la
vie.
Ce qui ne suscite
pas la même inquiétude, en revanche, c’est le fan-groupisme observable depuis
quelques années en France. Le fait que les militants politiques adulent leurs
candidats comme s’il s’agissait de quelque déité, que l’on pleure et que l’on
fasse des crises d’hystéries aux réunions de l’UMP, n’inquiète personne. Après
tout, il est normal que le monde politique français soit désormais un univers
manichéen, ou il n’y a que des bons et des méchants, et surtout pas de
réflexion personnelle.
Ainsi, lorsqu’un
débat entre gauchistes et droitistes s’engage, le gauchiste se plaît-il à
accuser tout le monde de fascisme, tandis que le droitiste entonne aussitôt l’Internationale,
coupant aussitôt le débat.
Serions-nous tous en
train de devenir des américains lambda ?
Est-il désormais
répréhensible d’afficher des choix tranchés, pas forcément en accord avec les
opinions du plus grand nombre ? Ce plus grand nombre, bouffi de culture
télévisuelle, incapable de se dire que ce que racontent les médias pourraient
bien un être un monceau de conneries, dépourvu de la moindre imagination,
serait-il en train d’essayer de nous imposer ses vues ?
C’est vrai que c’est
moins important que de contrôler ce que les gens écoutent dans leur Ipod. Le
fait qu’on critique ce qui rapproche des gens partout dans le monde, autour d’un
phénomène uniquement basé sur le divertissement, et qu’on ignore un phénomène
qui divise et peu s’avérer, à terme, dangereux pour la République, n’est pas du
tout alarmant.
L’imagination et l’ouverture
d’esprit nous ont menés sur la Lune. Essayons maintenant de ne pas nous
enterrer sous notre propre bêtise.
Moi, je dis ça, je
dis rien.
(J'aimais bien cette image)
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