Une image de fille pas normale du tout pour illustrer mon propos |
Je suis une fille plutôt normale.
Comprendre : représentative d’un collectif d’individus dont le mode de
fonctionnement totalement irrationnel passe pour normal parce qu’il est partagé
par ce que l’on appelle la majorité. Les seuls gens qui pourraient véritablement
être considérés comme normaux sont les Vulcains, parce qu’ils ne font jamais
rien qui ne repose sur une nécessité avérée et emploient une méthodologie
étudiée pour son efficacité. La norme n’est pas un concept humainement tenable.
Sauf que personne s’en rend compte, alors tout le monde s’emploie à être
anormalement similaire.
Ouais parce que, à part chez les Asgard qui, je le
rappelle, ont fini par tous en mourir, le clônage c’est pas normal. Et je vous
la fait soft : j’aurais pu vous balancer une image d’Alien 4 qui m’a
toujours particulièrement traumatisée, quand Ripley arrive dans ce labo dans
lequel on l’a clonée à partir de l’ADN d’alien avec des résultats divers et
variés.
Je rappelle à toutes fins utiles qu'ils nous ressemblaient, à la base |
Sauf que nous, on ne croit plus en rien. Pas la
peine de faire semblant : les gens qui arrivent encore à expliquer
l’entièreté du monde par la Bible ne sont pas légion, et en plus ils sont tous
à deux doigts d’être internés tellement leur discours est incohérent avec le monde
dans lequel on vit aujourd’hui. C’est quand même un peu fort de persister à
dire qu’on est tous apparus dans une pluie d’étincelles divine, un beau
vendredi matin alors qu’on peut limite retracer l’évolution du code génétique
de l’humain à travers ces trente milles dernières années. Y a même des gens qui
veulent recréer l’homme de Neandertal. Je vous demande bien pourquoi, comme si
on était pas assez nombreux, déjà.
(On ne la présente plus. Elle a l'air tout à fait normal, non? Entre ça
et les filles qui fondent en larmes en disant qu'elles prieront pour tous ceux qui
ont commis le péché mortel d'écouter Lady Gaga, on est servi sur Youtube.)
On ne croit plus vraiment en Dieu (selon
Nietzsche, le type serait mort à l’ouverture d’Auschwitz de toute manière), on
ne croit plus non plus au Diable (même si j’ai remarqué qu’on y croit quand
même plus qu’en Dieu, vive notre société), on ne croit plus en la magie et les
vieux mythes ne constituent plus un système de référence mais bien une sorte de
recueil de jolies histoires qu’on trouve encore cool, mais qui ne nous aident
pas particulièrement à penser notre monde. On ne croit plus en rien parce qu’on
a plus peur de rien et qu’on peut à peu près tout contrôler.
Hannah Arendt dit que notre société est comme un
iceberg qui a largué les amarres : il a perdu l’endroit d’où il vient, et
il ne sait pas où il va. Alors, dans le doute, il continue d’avancer à travers
les eaux en espérant ne pas fondre avant d’avoir atteint un nouveau glacier. Je ne suis pas sûre que cette vision soit très
optimiste, mais à défaut d’avoir une autre comparaison, je me sers de celle-ci
pour me représenter notre culture à l’heure actuelle.
Le fait que notre époque soit celle de la
production effrénée d’une culture de masse ne pose pas les problèmes que tout
le monde semble y trouver. Je veux dire, la culture de masse n’est pas une
nouveauté : vous croyez que les religions reposent sur quoi ? Un
système de pensée communiste ? Une célébration de la liberté de pensée et
de la différence d’opinion ? La seule chose qui a changé depuis le Moyen-âge
c’est que plus de gens savent lire et que l’information circule plus vite et à
plus grande échelle. A la limite, je ne vois pas où est le mal.
(Comme une vidéo vaut mieux que mille mots, examinons l'opinion du Palmashow
sur le film idéal selon les Français les bobos.)
Je sais bien qu’il est très à la mode de critiquer
ce que l’on appelle communément le « blockbuster américain » (pour ne
citer que lui). Par là, il faut comprendre un film dont le scénario n’est pas
très surprenant, mais pour lequel ça n’a pas d’importance parce que l’action y
est haletante, les effets spéciaux foisonnant, le gentil héros canon et
l’héroïne potiche à demi-dénudée. Ce sont aussi des films à gros budgets, qui
peuvent donc envoyer du lourd tant niveau casting que production. Le fait que
ces films soient conçus pour plaire au plus vaste public possible semble
choquer nos (bobos)contemporains au-delà des mots. Il n’y a pas d’autre
explication au fait que personne ne daigne ne fendre d’une argumentation plus
poussée que le fait de cataloguer le film « blockbuster » tout en
prenant un air consterné et entendu.
« Il paraît que t’as été voir Transformers,
il est bien ? »
« Ben, c’est un blockbuster américain, quoi »
Et voilà. TOUT est dit ! Et vous noterez que
jamais de la vie vous ne commencez par dire que vous avez aimé, nonnonon. Il
faut attendre de voir la réaction de votre interlocuteur, pour ensuite savoir s’il
ne vous placera pas en liste noir de ses relations si jamais vous dites avoir
pris plaisir à regarder le film.
Moi, j’aime bien les blockbusters. Quand je téléch… vais au cinéma pour le plaisir, j’ai envie de voir un truc qui va me divertir, et pas un truc qui me faire me demander si j’ai oui ou non compris quoique ce soit aux deux heures qui viennent de s’écouler et si oui ou non ma vie a le moindre sens. Alors ouais, j’aime bien les explosions, Will Smith, Bruce Willis et la plupart des adaptations cinématographique des Marvel. Et je ne pense pas que ça fasse de moi quelqu’un d’arriéré d’aimer me divertir sans devoir toujours tout intellectualiser. De toute façon, les scénarios ne me surprennent pour ainsi dire jamais. Alors peu importe.
Dans ces conditions, il est difficile de définir
ce qui, pour nous, constitue la base. Le mythe. Le folklore. La façon dont on
pense le monde et l’intervention de toutes ces informations dans notre fonctionnement
quotidien. Qu’est ce qui, lorsque vient pour nous le moment de réfléchir à
notre existence, de faire un choix, d’analyser une situation, nous sert de
référence ; et qu’est ce qui passe à la trappe ? En gros, quels sont
nos mythes modernes, quelle forme prennent-ils ? Le problème s’épaissit
lorsqu’on s’aperçoit qu’il est presque impossible de savoir si nos productions
nourrissent la culture ou se nourrissent de la culture (et si, dans ce dernier
cas, elles nous apportent quoi que ce soit en plus). Sans doute les deux.
Bon. Etant donné qu’il est genre trois heures du
matin et que j’ai une colle à finir, je pense que je vais me fendre d’un petit :
« to be continued »
La culture de masses sacage l'âme de l'homme, il suffit de voir à quel point toute la clique des pys-quelque chose pullulent dans nos contrées. L'art de la vie (art cruel, puissant et viril -brrr) nous sauve de ce naufrage annoncé.
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